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CULTURE/ Cinéma - Dom Pedro : « Je crois que beaucoup n’ont pas encore admis ou compris que le Tango puisse avoir des racines noires venues de l’Afrique »

Le cinéaste Dom Pedro, lors de la première mondiale de son film Tango Negro à l’UNESCO
Le cinéaste Dom Pedro, lors de la première mondiale de son film Tango Negro à l’UNESCO.

Le cinéaste d’origine angolaise, Dom Pedro, qui s’est déjà plus d’une fois illustré à travers nombre de ses films s’est lancé un grand défi : revisiter l’histoire du Tango. Résultat : un film extraordinaire au titre, on ne peut plus, évocateur de « Tango Negro » qui suscite tant de passions et de curiosités. AFRIQUE Destinations a rencontré il y a quelque temps le cinéaste qui révèle et démontre, grâce au concours notamment du célèbre musicien argentin Juan Carlos Cáceres, les origines africaines du Tango, à travers la face cachée de l’histoire de l’Argentine considérée jusque-là comme le berceau de cette musique dont bien des sonorités et chorégraphies trahissent pourtant ses origines profondes. A commencer par son nom : Tango. Interview à coeur ouvert et à bâtons rompus avec Dom Pedro que la Rédaction republie dans son intégralité.

AFRIQUE Destinations : Dom Pedro, vous êtes cinéaste d’origine angolaise et vous avez étudié le Cinéma au Conservatoire Libre du Cinéma Français (CLCF) en même temps que vous vivez en France, pourriez-vous nous faire une brève présentation de vous-même à l’intention de nos lecteurs ?

Dom Pedro : Comme vous le savez déjà, je suis né en Angola et, alors enfant, j’ai été amené à vivre hors de mon pays, suivant la volonté de mes parents. Puis, après un crochet dans un des pays frère, il m’a fallu  aller le plus loin possible pour fuir mon pays en proie à une guerre infiniment ravageuse. Et le plus loin possible que j’ai pu trouver, à ce moment-là, c’est bien évidemment la France !

Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser ce film « Tango Negro » qui suscite tant de passions et d’intérêt ?

A l’époque, déjà, je savais que je ne pouvais pas vivre hors de l’Afrique et oublier ce merveilleux continent qui a tant apporté au monde entier. Naturellement, où que je sois, j’ai toujours porté l’Angola dans mon ventre ; dès lors, penser à contribuer à l’évolution de mon pays et, par ricochet, au continent-mère, est une mission dont je ne pouvais me dérober. C’est pour moi une manière de rendre hommage à tous les nôtres qui, un jour, se sont retrouvés déracinés, car loin de leurs terres ancestrales. Et, en fait, avec du recul, je me rends compte que rien n’est improvisé dans mes choix; car je me pose des questions dès mon tout jeune âge. J’ai toujours eu l’impression, des sensations qu’une voix silencieuse – des Ancêtres- me parlait et m’orientait de par mes réflexions ! Je n’ai d’ailleurs aucun doute, là-dessus ; j’y crois profondément. Fermement.

Dites-nous comment s’est faite votre première rencontre avec le célèbre musicien argentin Juan Carlos Cáceres ?

C’était en 2003, je crois, alors que je terminais le tournage d’un film intitulé : « Kin-Malebo Danse », en deux épisodes qui racontaient déjà les origines et l’évolution de la musique Rumba africaine (congolaise) ! Un ami -Efuka Lontangé Nono- danseur et chorégraphe résidant actuellement à Montevideo (Uruguay) -, m’avait invité chez lui, alors qu’il était avec Andrée Navarro – la célèbre Journaliste bien connue des auditeurs de RFI du monde entier. Or cette dernière, qui est aussi Peintre, connaissait bien Juan Carlos Caceres, également Peintre. Et, en parlant, Nono lui a dit que j’envisageais de faire un film portant sur les racines africaines du Tango ; ça ne lui avait pas surpris, puisqu’elle avait déjà certains échos allant dans ce sens, et savait que Juan Carlos Cáceres avait déjà consacré de nombreuses années d’investigations sur ce thème. Quelques jours après, je lui ai téléphoné afin de solliciter un entretien avec lui…
 

Juan Carlos
Juan Carlos Cáceres, le célèbre musicien argentin en plein concert, en France.

Et moi, qui croyais que notre entretien téléphonique allait durer deux trois minutes, on est finalement resté trois quarts d’heure environ ! On s’était tellement entendu et retrouvé que j’avais l’impression de l’avoir déjà rencontré ou connu. Dès cet instant, l’homme commença à m’apprendre de multiples choses en relation avec sa région voire son continent ; et c’est là que je m’étais rendu compte que, comme pour beaucoup d’Africains ou ceux d’ailleurs, l’erreur était de croire que l’Afrique s’arrêtait au Brésil. Je remercie Andrée, car c’est grâce à son ouverture d’esprit que j’ai pu rencontrer ce grand homme, qui est devenu mon Ami, avant de devenir un très proche pour ne pas dire un confident. Pour moi, Juan Carlos Cáceres était un vrai Humaniste. Un Justicier que beaucoup auraient aimé avoir comme ami.

Juan Carlos Cárceres faisaient partie de ces Argentins qui voulaient rendre au Tango ses racines négro-africaines. Pourquoi selon vous ?

Juan Carlos Cáceres est un grand homme avec beaucoup de reparties. Il fait partie de ces races d’homme dont on a plus ou moins perdu la trace – un Progressiste – dans le sens noble du mot ; un Humaniste, car il mettait l’être humain par-dessus tout.

C’est une donnée historique importante à ne pas négliger ou minimiser ; car, si nous voulons relancer la « religion » universaliste qui consisterait à tenter de parler tous d’une même voix, il nous est primordial d’abord de reconnaître leur apport dans la lutte pour les indépendances de nos pays. Et, d’ailleurs, s’agissant d’un pays comme l’Angola, comment peut-on faire autrement ? Noir, Blanc, Métis, etc. ce n’est pas ou ce ne doit plus être la « couleur » de la peau d’une personne, ce n’est pas l’apparence qui doit primer; car il y a partout des bons et des mauvais. D’où l’importance d’enseigner l’Histoire, notre vraie Histoire aux plus jeunes certes, mais aussi aux moins jeunes qui doivent connaître la vérité sur les différentes étapes de la marche du continent africain et des pays qui le composent.

Et cela, sans omettre le reste du monde, car tout est en fait lié, en quelque sorte. Juan Carlos Cáceres a vite compris l’utilité d’une telle démarche. Car c’était quelqu’un qui voyait toujours plus loin que les autres, c’était un visionnaire, un avant-gardiste. Par conséquent, il était parfois « incompris » de certains ! Pourtant, si nous voulons réellement contribuer à la connaissance du monde, que nous aimerions voir comme nous le pensons et non tel qu’on nous l’impose, il nous faudra nécessairement tout faire afin que sa vision fasse des émules. Et ceci ne peut être le travail d’une seule personne, chacun de nous doit s’y mettre dans le secteur qui est le sien afin d’apporter sa pierre à l’édifice : d’où la réappropriation et la transmission de notre Histoire.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour réaliser « Tango Negro » et vos interlocuteurs se sont-ils prêté au jeu de manière spontanée ?

« Tango Negro », c’est dix ans de travail, dès le moment où j’ai ouvert la première page et/ou le premier site de recherche sur le Tango, ma rencontre avec Juan Carlos Cáceres et la recherche de financement ; en plus la maison de production, avec laquelle je devais faire le film, était tombée en faillite, il a fallu franchir ces étapes qui rendaient encore compliquée la concrétisation de ce projet que je considérais comme majeur. J’étais persuadé que je mettais les pieds sur quelque chose de fabuleux, qui pouvait apporter une certaine connaissance à l’Humanité. Enfin, il nous a fallu 4 ans de filmage liés essentiellement aux difficultés de pouvoir réunir le budget nécessaire qui devait nous permettre de nous rendre en Amérique Latine.

En fait, puisque j’avais la foi en ce que je faisais et les amis qui m’entouraient croyaient profondément à ce projet, comme d’autres d’ailleurs, je faisais de mon mieux pour ne rater aucune occasion ; c’est ainsi que je suivais Juan Carlos où il pouvait se produire grâce notamment aux amis qui m’ont souvent accompagné. Je tiens à les en remercier vivement, même si parmi eux beaucoup n’y croyaient plus. De même que je tiens toujours à remercier les interlocuteurs qui s’étaient prêtés au jeu ; et il est à noter que nous avions, parfois eu du mal à « convaincre » tous ceux qui étaient pressentis. Certains ne s’étaient même pas gênés pour nous abandonner en cours de route, alors que les conditions de tournage étaient déjà fixées ! Il a fallu tenir pour éviter la crise des nerfs.
 

Couverture
L’affiche du film Tango Negro réalisée par JCC et son épouse Alicia.

« Tango Negro », c’est volontairement ou involontairement la déconstruction d’un mythe, celui d’un Tango dont l’Argentine est le berceau. Comment les Argentins perçoivent-ils votre œuvre et quels genres de critiques rencontre le film ?

C’est volontairement une démarche dont le but était de tenter une déconstruction de multiples contre-vérités, dont le monde est visiblement victime ; et ce, au su et au vu de tout le monde. « Aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur », dit un proverbe africain. Longtemps déjà, le chasseur se plaît à raconter l’histoire des animaux qu’il va chasser en brousse. Mais le jour où les animaux se mettront à raconter leur propre histoire, le regard des hommes changera. Et je crois que l’heure est venue de démystifier et démythifier la version que beaucoup croyaient comme  la vraie, c’est-à-dire celle du chasseur.

Quant à dire que « l’Argentine est le berceau » du Tango, je crois qu’il ne serait pas correct de lui en donner la primauté. Car, s’il est vrai que Buenos Aires est incontestablement de loin sa capitale, il faut tout de même se rappeler que Julio Sosa, l’une des premières stars de cette musique, est d’origine uruguayenne mais qu’elle a fait toute sa carrière à Buenos Aires, où l’industrie phonographique était plus développée que dans son pays d’origine. C’est une perpétuelle « polémique » sur laquelle personne n’arrivera à trancher ; tout comme la naissance de Gardel d’ailleurs ! Mais comme c’est dit dans le film, chaque personne se contente de revendiquer l’endroit où il se sent le mieux et non là où il est né, même si on n’oublie jamais ses racines. Bien évidemment, il faut toujours s’attendre à des avis, à des réactions différentes dans chaque création ; et mon film semble avoir aussi ses « détracteurs ».
 

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L’équipe du film Tango Negro rencontrant une famille argentine d’origine africaine dans une banlieue de Buenos Aires.

En fait, ce n’est pas tant que ça ! Je crois que beaucoup n’ont pas encore admis ou compris que le Tango, cette musique qu’ils adulent tant, puisse avoir des racines noires venues de l’Afrique. Juan Carlos Cáceres les qualifiait de « négationnistes » ! Il est important que les gens aient la liberté de réagir, de juger une œuvre comme ils l’entendent, d’autant plus que, rendu publique, un film comme « Tango Negro » aura du mal à faire l’unanimité. Et puis, ce n’est pas tant ce que je recherche ; mon ardent souhait est que les gens dépassent des idées reçues, gèrent bien leurs émotions pour chercher à comprendre le pourquoi du comment. Car le but recherché est en fait de contribuer à la connaissance d’un monde dont on a de plus en plus du mal à cerner les contours. En raison des falsifications et des contre-vérités dont on l’a entouré avec.
 

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Un couple d’Argentins d’origine africaine dans sa maison.

Dom Pedro, votre film aborde la question des Noirs en Argentine qui est quasiment un sujet tabou, puisque pour exagérer un peu, il n’y a plus de Noirs en Argentine alors qu’ils sont à la base du Tango. Où sont-ils donc tous passés ces Noirs-là ?

Comme vous le savez, pour occulter les racines noires du Tango, il fallait absolument faire croire au monde entier qu’il n’y a jamais eu des Noirs dans ce pays ! Par conséquent, puisque les deux sont liés, ils ne pouvaient admettre, d’un côté, la présence de l’héritage noir dans cette musique et, de l’autre, nier l’existence des Africains Noirs dans ce pays ! L’omission des deux était, pour eux, la seule stratégie valable… Et ils ont pris la décision de réécrire l’histoire du pays en éditant des manuels scolaires allant de la maternelle à l’Université, voilà comment ils avaient falsifié l’histoire du pays. Mais, au fil du temps, on s’est aperçu que leur piège, qui avait fonctionné des années durant, ne prend plus ; la trappe semble rouillée et les langues se délient peu à peu.

Aujourd’hui la jeunesse argentine ou, plus largement, de la Rio del Plata s’active à casser tous ces tabous dans lesquels leur passé les avaient enfermés. Ainsi, chacun de tous ces jeunes va à la recherche de ses racines afin de mieux se situer dans l’Histoire de leur pays. Et c’est aussi les débats en vogue dans de nombreuses Universités de la région. « Combien de Blancs ont des figures de Nègres ? » Cette question est posée dans le film ; ce qui en dit long. Ne baissons surtout pas les bras, le soleil pointe déjà son nez. Soyons solidaires et oeuvrons ensemble pour apporter la lumière à un monde qui tangue sur un gros mensonge enfin « démasqué ».
 

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Le réalisateur du film et un Africain (Congolais) de Montevideo entourant deux Uruguayens, lors du tournage de Tango Negro chez eux à Montevideo en Uruguay.

Selon vous, de quelle région serait partie la musique qui a donné son rythme au Tango plus tard ?

D’après le nom donné à cette musique, c’est incontestablement dans la région de l’ancien Royaume du Kongo (allant de l’Océan Atlantique jusqu’à une bonne partie du Cameroun actuel) et dont la capitale -Mbanza Kongo – se trouve au Nord de l’Angola, que l’on rencontre l’origine du Tango. D’ailleurs, il y a lieu de préciser que la danse « Kizomba », qui fait actuellement fureur à travers le monde entier et que l’on qualifie parfois de « Tango africain » est originaire de l’Angola (Nord). Par ailleurs, dans la capitale régionale de la Province de Uige, au Nord de ce pays, j’ai été surpris et conforté de découvrir que, dans cette ville, qui porte le même nom que la Province, il y a un vieux quartier répondant au nom de  « Kandombe » ! Or, en Amérique dite Latine, Candombe est l’une des mamelles à la base de ce que l’on appellera plus tard le TANGO. Quant à la façon de jouer de cette musique, le rythme actuel n’est que l’évolution technique élaborée à l’époque, suite à l’utilisation de nouveaux instruments et l’influence d’autres rythmes musicaux : locaux et européens. Dans le film, Juan Carlos Cáceres en fait une démonstration désarmante.

Que veut dire le mot « Ntangu » qui a donné son nom au Tango et à quelle langue africaine moderne appartient-il encore aujourd’hui ?

Depuis la nuit de temps, « Ntangu » a toujours signifié et signifie encore : soleil, heure, temps, espace-temps, époque, période, époque, etc. selon le contexte dans lequel on l’utilise. Cette langue, le Kikongo, était la langue officielle des Kongo (habitant de l’ancien Royaume du Kongo évoqué, ci-dessus, dont l’influence s’étendait jusqu’au-delà de la sphère « Bantu » ou Afrique Centrale ! Et le « Kikongo », une langue qui n’est jamais morte, continue d’être parlée sous des formes très variées surtout en Angola, en RDC et au Congo-Brazzaville.

Dans ma langue maternelle, le Nateni du Nord-Ouest du Bénin par exemple, l’on traduirait philologiquement le mot Ntangu pour signifier un clapotis, c’est-à-dire le mouvement et/ou le bruit que fait l’eau en ruisselant ?

Je n’en disconviens nullement, car le même mot pourrait évoquer ou signifier autre chose selon les normes linguistiques des uns et des autres. Et c’est tout à fait normal et compréhensible ; dans ce cas, il nous faudrait peut-être chercher à savoir quelle serait réellement le point de départ des « Natemba du Nord-Ouest du Bénin » pour en fixer les contours. D’où l’importance primordiale de la Philologie, qui pourrait nous permettre de repenser sur comment procéder pour mettre en place une langue commune de communication sur le continent africain ! Puisque nous avons suffisamment des « spécialistes », il ne serait pas vain de penser à la création des groupes de travail afin de proposer des solutions aux décideurs. Sinon, à quoi bon être spécialiste ?
 

Dom Pedro
Préparation d’une scène de tournage par Dom Pedro au Québec.

Le film a déjà été projeté dans plusieurs pays du monde. Quand sortira-t-il ?

Comme vous le savez, pour toutes sortes de raisons, ce film a nécessité 10 ans de travail. Je me bats avec espoir pour trouver en Europe, en Afrique ou ailleurs un Distributeur sérieux afin de nous permettre d’éditer le film et de le mettre sur le marché. Oui, à chacune des projections, la demande est régulière ; mais, en même temps, conscient de l’envergure du « produit », je ne veux pas me précipiter dans les mains tendues de n’importe qui ; le souhait idéal étant de rencontrer quelqu’un qui puisse comprendre ma démarche et y adhérer. Non, ce n’est pas que du Business comme on pourrait le croire. C’est au-delà, car ma démarche est aussi spirituelle.

Quelle contribution votre pays d’origine, l’Angola en l’occurrence, apporte-t-il à votre travail, étant donné que vous êtes aussi par votre travail un ambassadeur pour ainsi dire de l’Angola à l’extérieur ?

Pour l’instant, c’est plutôt une reconnaissance morale, et ça me fait du bien psychologique d’être reconnu par les miens, même si j’œuvre dans l’Universalisme. Mais il y a lieu de préciser que, lors de la « première mondiale » du film lancée à l’UNESCO, les frais qu’a nécessité cet événement avaient été pris en charge par les autorités angolaises. Ce qui pour moi était une satisfaction personnelle ; surtout que, auparavant, le film avait obtenu l’adhésion des Experts du programme de la « Route de l’Esclave : « résistance, liberté de créer et héritage ». Quoi qu’il en soit, je suis profondément fier d’appartenir à ce grand pays qu’est l’Angola. Enfin, de par mon travail, certains médias angolais n’ont pas hésité à m’attribuer le titre d’Ambassadeur culturel angolais à l’extérieur… Le meilleur est à venir !

Quels sont les projets de Dom Pedro après « Tango Negro » ? « Samba Negro » peut-être (rires…) ?

Oui, je suis plié en quatre ! Non, sérieusement, je crois que le Samba, la Capoeira, le Batuque, Kizomba, Kuduro, etc., aucune de ces expressions ne souffre d’occultation quelconque, même si beaucoup d’autres pays s’en disputent la paternité. En fait, évoquant mon futur proche, permettez-moi de vous faire une confidence : c’est que je fais partie de ces vieux stakhanovistes depuis révolus mais qui ont néanmoins gardé le reflexe d’aller sans cesse au four ! C’est ainsi que, plus que jamais dans l’action, j’ai toujours deux ou trois projets écrits d’avance ! Concrètement je travaille actuellement sur un documentaire, dans la même veine que le Tango, pour lesquels je reste en attente de financement. Il y a aussi une fiction en option avec « Real Ficção », une production portugaise ; et pour ce projet de fiction, je tiens à préciser que le film sera entièrement tourné en Angola. Ce sera l’occasion pour moi d’employer certains techniciens ou acteurs Angolais pour amorcer ma contribution concrète à l’évolution du cinéma national angolais.

Quel message avez-vous à l’endroit du public ?

De par le monde, partout où le film a été déjà projeté, je livre le même discours et je reste fidèle au même crédo : ne penser surtout pas que seule l’Afrique est victime de misères ; les communautés de tous les pays de la planète sont frappées, même si dans les pays du Nord les populations ont l’impression de vivre mieux que le reste du monde. C’est une illusion, car chaque individu a ses préoccupations ; nous sommes tous logés à la même enseigne et victimes des pièges tendus desquels nous devons œuvrer tous ensemble pour sortir. Et, comme personne ne peut vivre heureux tout seul, l’important est de comprendre que nous devons être unis et solidaires pour y remédier. Il faut absolument dépoussiérer cette planète, donner à ce monde une vision nouvelle conforme aux aspirations humaines au lieu de subir indéfiniment le diktat de ceux qui imposent à l’humanité leur vision s’articulant sur le matériel plutôt que de mettre sur un piédestal l’être humain. J’y crois profondément, car c’est possible.

J’ai très souvent tendance à m’adresser essentiellement beaucoup plus à la jeunesse, non seulement africaine mais aussi celle du reste du monde. Car elle est partout en manque criant de repères historiques : les premières se posent de multiples questions parce que, pointés régulièrement du doigt, ils sont les premiers à en tirer les conséquences néfastes ; les seconds y pensent moins ou pas du tout puisque, depuis l’époque de l’esclavage, encore présent aujourd’hui sous d’autres formes, et l’époque coloniale qui a débouché sur les luttes pour les indépendances des pays tiers, leurs descendants se croient toujours supérieurs aux premiers de par le discours qu’ils ont gobé et ne cessent de gober. Par conséquent, l’idée de remettre en cause le fonctionnement du monde ne leur souffle aucunement parce qu’ils croient dur comme fer que tous les signaux parlent en leur faveur et qu’ils restent à jamais les « maitres du monde »; et pourtant, ils vivent comme les premiers dans l’illusion totale ! Le maître-mot est : la Réappropriation et la Transmission.

Je vous remercie de m’avoir donné la parole.

Interview réalisée par Marcus Boni Teiga
 

Dom Pedro
Dom Pedro en réunion, lors d’une visite à la Télévision Publique Angolaise.

FILMOGRAPHIE DE DOM PEDRO 

2015 – Membre de Jury Documentaire à la 31ème édition du Festival « Vues d’Afrique », Canada, dans la Section « Regards d’Ici ».

2014 – Ecriture d’un Scénario Long Métrage intitulé « Disasi», en collaboration avec Julien Féret. Projet soutenu par et avec l’aide à l’écriture du CNC.

2013 – « TANGO NEGRO, les racines africaines du Tango », Un documentaire de 90 minutes sur les origines africaines du Tango argentin avec l’artiste Juan Carlos Caceres. Produit par AMA Productions, coproduit par Les Films Alyne, préachat TV5 MONDE et CFI avec le soutien du CNC et de la SACEM.

2007 – « Rido Bayonne, born in Africa ». Un portrait documentaire de 90 minutes du musicien et chanteur congolais, Rido Bayonne, dont la musique a l’art et la manière de réunir l’Afrique, l’Europe, le nord, le sud, le funk, la rumba congolaise, le makossa camerounais et le classique ! Produit par Grenade productions, co-produit par RFO avec le soutien de CFI.

2006 – « Michelino, Star de la Rumba ». Un Documentaire de 52 minutes sur la vie du guitariste lead de l’orchestre « Afrisa International » de Tabu Ley, le premier groupe de l’Afrique Noire à se produire à l’Olympia en 1970 ! Produit par René Féret, Les Films Alyne avec le soutien de CFI ; diffusé sur TV5 Afrique

2006 – « Pepe Felly ». Un documentaire de 52’ sur la vie de Pépé Felly, guitariste et chanteur Kino-Angolais, aussi connu pour avoir inventé un style de musique, lors d’un voyage, inspiré par le bruit des roues du train sur les rails : le Sébène. Produit par Les Films Alyne avec le soutien de CFI ; diffusé sur TV5 Afrique

2006 – « Congo : Rythmes et Rumba ». Concert enregistré à Paris (Unesco), en 2004. Une pléiade d’artistes Africains réunis, au cours d’une soirée de la bienfaisance, pour la protection des 5 sites écologiques (Forêt Equatoriale) de la République Démocratique du Congo classés patrimoine mondial par l’Unesco. 52 mns. Diffusé sur CFI et prochainement sur TV5 Afrique.

2004 – « Kin-Malebo Danse ». Un Documentaire 2×52 minutes, en Dvcam, sur les origines et l’expansion de la Rumba (Musique congolaise). Produit par Les Films Alyne (Films du xxème) avec l’aide du CNC et le soutien de TV5 Monde et du CFI. Co-production : JLM Production, ASTV et Cityzen TV. Diffusé sur TV5 Afrique, TV5MONDE et CFI, France Ô, etc…

Sélection officielle -TV&Vidéo- au Fespaco 2005 (Burkina Faso). Sélection officielle du Festival International du Film d’Amiens 2005 – Le Monde comme il va – (France). Diffusé en Septembre 2004 sur TV5 Afrique et CFI. En Août 2005 sur TV5 Monde.

2002 – « Le long chemin vers la Paix », 37 minutes, à partir d’images d’Archives; produit par et pour la Délégation Permanente de l’Angola auprès de l’UNESCO (Paris, France). Distribué en circuit diplomatique.

2002 – Supervision d’un Documentaire : « Autour de la Paix », 28 minutes, en Mini-Dvcam. Une Production « Madinga Productions » pour l’Association CSCA « Cercle Socio-Culturel Angolais » (Paris, France).

2002 – Assistant-Réalisateur de « BARANI, histoire d’une Tradition » de Pierre Yaméogo. Documentaire de 52 minutes en Dvcam sur le Festival des chevaux de la Principauté de Barani (Burkina Faso).Une production « Dunia Productions » (Paris, France). En co-production avec « Les Films de l’Espoir » (Burkina Faso).

2002 – « PACO ». Moyen-métrage fiction de 40 mins, en DVcam.; Une production « Dunia Productions » (Paris, France); avec l’aide du Ministère Français des Affaires Etrangères. Co-produit par « Les Films de l’Espoir » (Burkina Faso). Sélectionné au Fespaco 2003, « Découvertes et Panorama » (Burkina Faso).

2000 – « Bonga, au nom de la Liberté ». Documentaire de 52 mins, en Beta numérique; Une production « 5 Continents Productions »; en co-production avec Muzzik et Canal Horizons; avec l’aide du Ministère Français des Affaires Etrangères et le CNC.Diffusé sur CANAL HORIZONS en juin 2000; sur Muzzik en Octobre 2000 et réddifusé en Août 2001; diffusé sur CFI en janvier 2002; sur la TNB (Burkina Faso) en Février 2002; diffusé 2 fois en juin 2002 sur TV5; Diffusé sur MEZZO en Octobre 2002; Diffusé sur TV5 Afrique en Février 2003; Rediffusé 2 fois en Juillet et 1 fois en Août 2003 sur MEZZO; etc…

Sélectionné au « Festival International du Film d’Amiens » (France) en 2000; aux «Deuxièmes Rencontres de Praia (Cap-Vert)» en 2000; au «Fespaco (Burkina Faso)» en 2001; au FIPA, Biarritz (Marché des Programmes) en 2001; aux «Premières Nuits du Documentaire (Paris) » en 2001, etc.

1997 – « Ray Lema, Tout Partout Partager ». Documentaire de 52 mins., en Beta SP. Une co-production : « Les Films du Rond-Point », « Paris Première » et la CNC; Diffusé 2 fois sur ARTE France et 3 fois sur Paris Première, etc. Sélectionné au Fipa 98 (Musique et Spectacle Vivant), France; au Festival « Vues d’Afrique » du Québec 98,Canada; Mention Spéciale du Jury au « Festival International du Film d’Amiens 98 », ( France), etc.

Co-réalisateur : Jean-Henri Meunier.


 

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