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Lettre ouverte à mon cher cousin « Bibi » Netanyahou

Benyamin Netanyahou
Benjamin Netanyahou.

Il y a quelques années, à l’occasion de l’avènement de Barack Obama à la Maison Blanche, je m’étais autorisé à lui adresser une « Lettre ouverte » pour lui rappeler nos bien lointains liens de cousinage en tant que Luo ou Louo ou encore Lwo. Car où qu’ils soient, tous les Luo ou Louo ou encore Lwo ont une seule et même origine, à savoir la Vallée du Nil et plus précisément le Barh el Ghazal. Bien que plus lointain Cousin que Barack Obama, Benjamin Netanhyahou, alias « Bibi » n’en demeure pas moins un Cousin. Et sa sacrée longévité politique ne pouvait qu’avoir raison en fin de compte de toutes mes tergiversations.

Très cher Cousin « Bibi »,

Non, c’est trop familier…

Très cher Cousin Benjamin Netanyahou,

Non, ce n’est pas diplomatique…

Excellence Monsieur l’ancien Premier ministre et peut-être nouveau Premier ministre à venir,

Non, ce n’est pas fraternel…

Très cher Cousin,

Il y a une dizaine d’années, quand j’ai affirmé dans le premier essai historique que, entre l’Hébreu et le Nateni (Ndla : langue des Natemba), il y avait bien plus que des similitudes, ceux qui ne me croyaient pas étaient d’abord les Natemba eux-mêmes. Et pourtant, même si je ne disposais pas encore de tous les éléments pour comprendre, j’écrivais déjà dans La Nubie et les origines africaines des peuples, des langues et des religions du monde, Editions Dagan, 2013 : « Si les Juifs et les descendants des derniers Nubiens de Méroé qui ont conquis l’Afrique de l’Ouest n’ont pas les mêmes ancêtres lointains, on est en droit de se demander comment il faut expliquer les racines nubiennes de la langue et de la religion juive que l’on retrouve encore de nos jours dans les traditions millénaires des descendants Nubiens ».

Par personnes interposées en l’occurrence des personnes d’ascendance juive, des Rabbins avaient apporté de l’eau à mon moulin en confirmant que ce que j’avais, au départ, considéré comme mon hypothèse de travail n’était pas erronée. Bien au contraire. Pour vous qui êtes un Fils de Rabbin, vous devez mieux saisir combien leurs appréciations de mes présupposés n’étaient pas anodines.

Après la publication de plusieurs essais historiques au nombre desquels notamment ISRAËL ANCIEN Les origines des Prêtres Yahoud et la naissance du Judaïsme, Editions Complicités, Paris, 2020, je puis aujourd’hui – avec force arguments et détails - confirmer mes premiers soupçons et bien plus encore. Je ne vais très certainement pas m’étendre ici à ce propos, mais j’acquis la certitude que NETANYAHOU était un nom authentiquement Nubien ancien avant même d’être Egyptien ancien. Il s’agit d’un nom qui est le strict apanage de la Nubie antique et un nom exclusivement tribal à l’origine.

Ma lecture de l’ouvrage Les Secrets de l'Exode, L'Origine égyptienne des Hébreux, Paris, 2000, LGF, 2015 de Messod et Roger Sabbah n’a fait que m’indiquer que je n’avais tort dès le début, et que mes déductions étaient exactes.

« Lorsque l’on prend les noms que beaucoup croient être des noms à proprement parler qui sont ceux des Hébreux, nombre d’entre eux sont en vérité égypto-nubiens. L’un des exemples les éloquents est celui d’un des plus célèbres Premier ministres d’Israël : Benjamin Netanyahou. Il s’agit, sans aucun doute possible, d’un nom authentiquement nubien. Traduit en hébreu par « Dieu a donné », en nubien ancien NT-YWH ou en Nateni moderne Net Yahoun veut dire littéralement « L’homme de Dieu » ou en d’autres termes : « Dieudonné », « Don de Dieu » … Son prénom Ben’Yamin signifie en hébreu : « Fils de la main droite » et en nubien ancien « Fils de la main droite » également avec Ben : « qui descend de » ou « sort de » (fils) et Ya-Wota ou Yota (main droite) ou en d’autres termes « chanceux », « béni » « fortuné » « fils de la fortune » …

Les auteurs de Les Secrets de l'Exode : L'Origine égyptienne des Hébreux, eux-mêmes Hébreux du reste, ont établi que sous des devants d’onomastique officielle, il est nécessaire de bien comprendre et le sens profond du message religieux de l’Ancien Testament et la nature des rapports entre Hébreux et Égyptiens anciens, au-delà des stéréotypes désormais éculés ».

C’est fort de cette analyse que je partage que je me permets de vous qualifier de Cousin. Car, à l’origine de la fondation de l’Egypte antique, il y a Luo ou Louo ou encore Lwo dont descendent lointainement les Natemba actuels. Le vocable Natyahou ou Netyahou (au singulier) et Natyama ou Netyema et n’est en réalité qu’un synonyme pour dire Luo ou Louo ou encore Lwo. Autrement dit, il sert à désigner les Prêtres-Sacrificateurs, les Officiants des Netjer ou Neter. Il est tout aussi synonyme de Theos, et par voie de conséquence tout ce qui a rapport à Dieu.

Dans NETANYAHOU, on pourrait logiquement se dire même si c’est NET ou NAT + YAHOU qui équivaut au Natyama ou Netyema il manque le EN ou AN. En effet, il faut connaître les subtilités de ces langues anciennes pour comprendre que le EN ou AN = APPARAÎTRE ou NAÎTRE est déjà dans le NET ou NAT et que ‘est tout simplement l’effet d’emphase qui fait la liaison. Sans que pourtant son absence ne gêne au fond la compréhension. C’est exactement comme dans AMENHOTEP III (en Egyptien ancien) ou AMENOPHIS III (en Grec), le Père d’AKHENATON qui est aussi AMENHOTEP IV.

Il en est de même dans MENORAH qui signifie en Hébreu. Et comme je l’ai déjà dit  dans mon essai historique ISRAËL ANCIEN Les origines des Prêtres Yahoud et la naissance du Judaïsme, Editions Complicités, Paris, 2020 : « En outre, si l’on s’intéresse à ce mot Menorah d’un point de vue philologique, il en ressort par décomposition Me-No-Rah ou MeNoRah que certains traduisent par « qui provient de la flamme » qui, d’après la Kabbale, n'est autre que la Shekhina ou « présence de Dieu ». Le préfixe Me faisant référence à la provenance d'une chose et, en langue hébreu, Norah ou norah, -nourah, nour, nor  voulant dire flamme. Dans la langue des Natemba, Me veut plutôt dire « Je Suis » et Men ou Meno: « Je proviens de...ou Je viens de... » (La racine est la même que dans AMENHOTEP, le nom d’Akhenaton et de son père), Rah signifie Dieu, le dieu Ra, bien entendu. D’autant plus que les Natemba ne connaissent de Dieu qu’à travers sa représentation qui est Ra et aucun autre. Même le vocable Shekhina ou Chékhina : שכינה est d’origine égypto-nubienne ».

Comme je parlais tantôt de nom tribal et authentiquement Nubien ancien et que l’on ne saurait trouver dans aucune autre Tribu, dois-je soit dit en passant préciser qu’il en est ainsi de mon nom patronymique Teiga mais qui est une francisation des deux acceptions possibles Tièga ou Tiéga et que l’on ne saurait trouver dans aucune autre Tribu des Natemba autre que celle des Nanfa Kwèba (Descendants de Scorpion ou Lignée des Scorpion). Le nom Tièga ou Tiéga est étroitement associé à Theos. C’est tout ce qui permet à l’Onomastique des anciens Peuples de la Vallée du Nil de remonter les origines sans aucune confusion possible. Car il y a des noms qui ne sont que le strict apanage d’une Tribu et voire d’un Clan. Et si j’ai écrit un essai historique exclusivement consacré aux noms de l’Egypte antique intitulé Dictionnaire des noms ancestraux de l’Égypte antique, Éditions Complicités, Paris, 2021, c’est pour inviter à la contradiction. L’Onomastique nous permet de prouver avec force démonstration pourquoi les noms ainsi mentionnés sont purement et simplement des noms Négro-africains. Or, en ces temps reculés, où les métissages n’étaient pas encore aussi poussés, il suffisait d’un NOM pour dire d’où venait une tierce personne.

J’insiste et je persiste ici pour dire que ceux qui ont accusé le Professeur Cheikh Anta Diop de se fonder sur la Linguistique pour argumenter sur le fait que l’Egypte antique était peuplée de Noirs, l’ont fait à tort. Parce qu’ils ne comprennent absolument rien aux Langues Négro-africaines (LNA) en particulier.

Vous allez très certainement me demander comment je sais tout cela ? C’est, du reste, la question récurrente que beaucoup me posent. Et je vous répondrai que si je suis devenu le Secrétaire général de la Communauté nationale du culte vaudou et des religions traditionnelles du Bénin à la fin des années 1990, ça n’était pas le fait du hasard. A onze ans, quand la plupart de jeunes de mon âge se consacraient à d’autres activités, j’avais déjà fait le tour de tous les Couvents traditionnels du Nord-Ouest du Bénin et fréquenté tous les personnages qui étaient censés maîtriser l’Histoire ancienne ou détenir encore des Savoirs endogènes. Sans compter que, maternellement, je descends d’une longue lignée de « GRIOTS » dont les racines remontent depuis des millénaires jusque dans la Vallée du Nil et dont ma génération est, sans aucun doute, celle qui a manifestement interrompu la chaîne de transmission des Savoirs anciens. En somme, quand on a un background, les choses deviennent moins compliquées à décrypter et appréhender.

Très cher Cousin Benjamin Netanyahou,

Je croyais être bien plus court que ça. Mais, avec votre permission, je vais m’en arrêter là. Je ne vous ai parlé que du nom NETANYAHOU seulement. Dans une éventuelle deuxième lettre, je pourrais m’appesantir sur votre prénom Benjamin, et qui fort curieusement est aussi le mien. D’autant plus que je suis le dernier-né de ma famille. Et, comme je n’ai de cesse de le souligner l’Hébreu et le Nateni partagent bien des choses qu’on ne saurait le croire, a priori. Ce qui s’explique fort bien si l’on se réfère à l’histoire antique de la Vallée du Nil.

Cela fait bien longtemps que j’hésitais à vous adresser une petite lettre. Une petite, je dis bien. J’espère qu’elle sera la plus courte possible, car chez nous une lettre c’est toujours comme les salutations. On sait toujours quand on les commence mais jamais quand elles vont s’arrêter. Ce n’est point pour vous demander une quelconque faveur ainsi qu’il est de tradition en Afrique, loin s’en faut. Encore moins pour parler politique. Ce n’est nullement l’objet. Un peu d’histoire seulement. Car on ne peut pas s’appeler NETANYAHOU sans que cela ne fasse tilt dans ma tête. C’est tout simplement qu’à force d’en parler autour de moi, mes proches ont fini par me demander quand j’allais enfin me décider à écrire à mon « Cousin » Netanyahou

Quand j’ai bien dit Très cher Cousin, je suivais déjà les regards des milliers de Natemba qui se demandaient comment il se pouvait qu’un Hébreu du nom de Benjamin Netanyahou d’Israël puisse être un Cousin à un Natemba de Tayakou au Bénin.

Je n’ai pas voulu vous tutoyer à l’instar de mon Très cher Cousin Barack Obama parce que vous n’êtes pas Lwo. Le tutoiement par principe, c’est une affaire de Lwo. « Cela n’a rien voir avec un quelconque manque de respect, loin s’en faut. C’est que tout simplement le vouvoiement n’existe pas chez nous. En effet, nos ancêtres, les Luo, ne faisaient guère de différence entre un homme et un homme. Quel que fût son âge ou sa fonction », comme je l’avais expliqué en son temps. 

Cela dit que tous ceux qui s’apprêtaient à rire de moi parce que je vous ai qualifié de Cousin peuvent, à présent, arrêter définitivement leur sourire narquois au coin de la bouche afin qu’il n’aille pas plus loin jusqu’aux oreilles. C’est drôle d’écrire à un si illustre Cousin qu’on ne connaît pas, comme j’ai coutume de le dire. Même si chez nous en Afrique, nous sommes tous des Cousins, il y a néanmoins Cousin et Cousin. Et, qui plus est, vous n’êtes pas un Cousin comme les autres. Vous êtes un Cousin, Fils de Rabbin, et portant également un nom qui, depuis la plus haute antiquité en NUBIE est celui que l’on attribuait au Prêtres-Sacrificateurs, et qui est par ailleurs, le strict apanage de ma Tribu paternelle de nos jours en Pays Natemba.

Dans son intervention du 13 septembre 2022 à Vatican News, en reconnaissant que ce sont toutes les religions du livre, – le christianisme, le judaïsme et l'islam –, qui ont, d'une manière ou d'une autre, une relation à l'Afrique, le Père Mpay Kemboly « invite les chrétiens africains à ne pas être complexés ou avoir peur de dialoguer avec leurs propres cultures. S’il reconnaît que les religions traditionnelles africaines sont souvent réduites, à tort, à leur côté ésotérique, ou obscur, il appelle à ne pas les confiner à cet aspect. «La religion traditionnelle africaine ne doit pas faire peur aux gens. C'est un univers à partir duquel nous regardons le monde. C'est aussi un humus, c'est un horizon qui nous permet de vivre», soutient-il. Durant les heures sombres de l’esclavage, c’est elle qui a permis à beaucoup d’esclaves africains de survivre, souligne-t-il. Elle a été pour eux une force de résilience. Aussi, forts de leur double héritage, les «chrétiens africains» doivent connaître et promouvoir les richesses de leur univers culturel afin de pouvoir les présenter au monde. «Autant nous entrons en dialogue avec les autres cultures externes, autant nous sommes appelés à un dialogue avec nos propres cultures», a insisté le jésuite congolais». Et le jésuite, philosophe, théologien, historien et égyptologue, docteur de l’Université d’Oxford en Angleterre a bel et bien raison.

Par Marcus Boni Teiga

PS : Raid sur Entebbe fut longtemps l’un de mes livres favoris. Et je ne vous cache pas que j’ai toujours admiré votre Grand frère, Feu le Commandant Yonathan Netanyahou, et ce jusqu’à nos jours. Peut-être parce que j’envisageais une carrière militaire et que c’est finalement mon père qui lui-même servit sous les drapeaux français lors de la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) qui me le déconseilla. J’étais à mille lieues de m’imaginer que le Natemba que je suis puisse avoir quelque lien que ce soit avec l’Hébreu que vous êtes. Et pourtant…

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