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TOURISME/MAROC : Souvenirs de voyage

Palais du Roi Mohamed VI du Maroc
Palais du Roi Mohamed VI du Maroc.

Alors même que les otages d’Areva venaient d’être enlevés au Niger, je décide avec mes compagnons Thérèse Oudot et Alexandre Camp de ne pas renoncer au voyage par la route de la France jusqu’au Bénin prévu de longue date en passant par le Maroc, le Sahara Occidental, la Mauritanie, le Mali et le Burkina. Une belle aventure pleine de surprises et de découvertes. C’est Alexandre Camp – patron de l’Entreprise Camp Plomberie-Chauffage, un grand passionné d’automobile et de moto devant l’éternel – qui doit conduire notre 4 X 4 jusqu’à Cotonou via l’Espagne (Barcelone), le Maroc (Tanger, Moulay-Bouslham, Rabat, El Jedida, Tiznit, Dakhla), la Mauritanie (Nouakchott, Kiffa, Ayoûn el Atroûs), le Mali (Nioro du Sahel, Bamako, Sikasso), le Burkina Faso (Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, Fada N’Gourma) et le Bénin (Porga, Tanguiéta, Hôtel Bourgogne Natitingou, Cotonou).

1er octobre. « Deux Français et un Béninois pour un voyage par la route jusqu’au Bénin, une bonne équipe », lance le policier qui contrôle nos passeports au sortir du port de Tanger, avant de nous souhaiter un bon voyage.

Sur la route, je me plonge dans mes souvenirs. Tanger, Rabat, Casablanca, ce sont des noms qui me sont familiers depuis longtemps. Beaucoup d’anciens combattants de mon village sont passés par là et lorsqu’ils se retrouvaient à deux ou plusieurs, ils ne se privaient pas de nous raconter leur voyage dans ces villes marocaines. Depuis, Tanger tout comme le Maroc a bien changé. Les immeubles qui poussent de terre comme des champions au bord de la mer et des routes sont symptomatiques du boom immobilier de ces dernières années au pays de Mohamed VI.

Difficile de partir de Tanger à Moulay-Bouslham sans s’arrêter de temps en temps devant la belle succession de poterie qu’on voit. Avec une décoration où les couleurs chatoyantes ne laissent aucun embarras quant au choix. Et comme on peut s’en douter, dans toute la gamme de produits exposés, le fameux « tajine » ou « tagine » (récipient typiquement marocain en terre vernissé avec un couvercle conique) dans lequel on prépare un plat composé de morceaux de viandes ou de poissons cuit à l’étouffée avec des légumes et diverses épices, est omniprésent.

Presque partout, sur ces terres, on peut affirmer sans grand risque de se tromper que le Maroc a résolument engagé son développement agricole. Contrairement à la quasi-totalité des pays de l’Afrique subsaharienne que je connais. Un grand pas en avant sur la voie du développement.
Le village de Moulay-Bouslham, avec sa nouvelle plage où viennent s’échouer d’énormes vagues est un bon endroit pour surfer. La présence de nombreux Européens propriétaires de villas en bordure de mer, n’y passe d’ailleurs pas inaperçue.

« Si vous voyez un gardien devant une villa ici, elle appartient à un Européen dans la plupart des cas », me confie un restaurateur. Et d’ajouter : « il y a ceux qui résident à Moulay et ceux qui y viennent juste pour les vacances ».

Le village, en effet, dispose aussi d’un superbe lagon au bord duquel l’on peut emprunter l’une de ces nombreuses petites pirogues très colorées pour aller sur l’île aux flamants roses. Dès que vous êtes remarqué comme étranger, des gens vous accostent pour vous proposer un tour en pirogue. Il en est de même quand vous longer la route jusqu’à la mer au bord de laquelle tous les restaurants du village sont accolés les uns aux autres. Car tous les serveurs du coin sont rompus à l’art de la pêche des clients. Etrangers, qui plus est.

Je savais déjà que la consommation d’alcool était interdite aux Marocains, mais qu’elle n’en demeurait pas moins tolérée aux étrangers. Contrairement à la Mauritanie. Comme j’avais appris que le Maroc produit son propre vin, j’ai demandé si l’on pouvait avoir du vin et de la bière à table quand nous sommes arrivés au Café-Resto Zagora. Quelle ne fut pas ma surprise de m’entendre répondre par l’affirmative, après tenté plusieurs, en vain.

Comble de surprise, le serveur nous a abandonnés et je l’ai vu partir comme une flèche vers la plage, et revenir quelques longues minutes plus tard avec deux bouteilles de bière et une bouteille de vin. Si la bouteille de vin était soigneusement emballée dans un sachet en plastique et posée sur la table, par contre les bouteilles étaient plutôt exposées. Mais avec cette consigne de les vider dans nos verres pour qu’il les débarrasse de la table, loin des yeux indiscrets. J’en ai par voie de conséquence conclu qu’il devrait bien avoir quelque part, vers cette plage, une cave magique. Qui ne s’ouvre qu’à ceux qu’à ceux qui en détiennent le secret

Esplanade de la Mosquée de Rabat
Esplanade de la Mosquée de Rabat.

2 octobre. Par le plus grand des hasards, j’ai logé à Rabat dans l’hôtel qui avait accueilli « Les Ecureuils du Bénin », l’équipe nationale de football de mon pays, lors des éliminatoires de la de la Coupe d’Afrique des Nations juniors (CAN Juniors), édition 2005. Ainsi qu’on me l’apprit à la réception dès l’arrivée.

Rabat est une escale obligatoire pour tous ceux qui vont en Mauritanie. Car, c’est seulement ici que sont délivrés les visas à l’Ambassade de la République Islamique de Mauritanie. Je suis contraint avec mes compagnons d’y passer notre week-end pour ne prendre nos visas que le lundi. Tant qu’à faire, le temps sera bel et bien mis à profit pour visiter les principaux sites de la capitale marocaine. A commencer par le palais du roi Mohamed VI.

Après les vérifications de nos passeports, je me suis hasardé jusqu’à l’entrée principale des quartiers du roi avant d’être stoppé par la garde royale. Dans cet immense domaine qui vaut tout un quartier de la ville, l’on retrouve aussi bien des murs d’époque ancienne que des bâtiments d’une modernité encore plus récente. Autant dire que c’est toute une ville dans la ville de Rabat.

La Tour Hassan est le symbole de Rabat. Et tous les Marocains en sont fiers, d’autant que son fondateur, le célèbre Yacoub Al Mansour, troisième sultan de la dynastie des Almohades qui régna de 1184 à 1199, fut celui qui a vaincu les Espagnols au 12eme siècle. La tour qui était prévue pour mesurer plus de 60 mètres n’en n’atteignît jamais que 44 en 1196. Sa mosquée couvre une superficie de plus de 25.000 mètres carrés. Dans la même enceinte, se trouve le mausolée Mohamed V dans lequel l’on peut voir les tombes de Mohamed V, de feu le roi Hassan II (le père de l’actuel roi Mohamed VI) et du prince Abdallah.

A l’entrée de la Nécropole du Chellah, j’ai été accueilli par deux joueurs de tambours Noirs qui nous ont offert un spectacle de rythme et de danse endiablées avant la visite à proprement parler. Je n’ai pas hésité à aller déposer quelques pièces dans leur plateau de quête. A l’intérieur de ce site, le jardin très fleuri est une attraction autant que les différents cimetières où les murs qui, à vue d’œil, datent d’une époque très ancienne.

Rabat est une capitale africaine moderne. Et pour y circuler quand vous êtres étranger, il faut bien se munir d’une carte de la ville. On peut cependant se perdre comme j’en ai fait l’expérience. En ce sens que plusieurs boulevards, avenues ont été débaptisés. Il faut donc savoir demander sa route par moments à l’habitant dont la gentillesse ne vous fera pas défaut.

3 octobre. Nous avons choisi de célébrer autrement l’anniversaire de Thérèse. En commençant par une randonnée dans les souks de la capitale marocaine. Des vendeurs d’objet en cuir aux vendeuses de poissons en passant par les vendeurs d’habits, de chaussures, d’épices et de produits de toutes sortes, on n’a point besoin de se mettre sur une route pour faire un véritable marathon.

Il y a longtemps qu’elle parle d’acheter des Tajines afin de pouvoir en préparer pour plusieurs clients au « Restaurant Kaba » dans son Hôtel Bourgogne à Natitingou, au Bénin.

En fin d’après-midi, nous avons marqué une dernière halte dans la boutique d’un vieil homme, achalandée de Tajines aux décorations diverses. Puis, elle en a acheté au total sept qui vont faire le voyage avec nous.

A 19 h, pour une fois, nous avons préféré un taxi de l’hôtel à notre voiture 4 X 4 pour des raisons de convenance. Anniversaire oblige, nous avons choisi un restaurant typiquement marocain, très couru par les touristes de passage. Au son de la musique marocaine que jouent en live trois hommes et une femme, nous avons honoré nos papilles gustatives de Tajines et de vins marocains dans la Médina de Rabat.

Mais si nous avons si facilement retrouvé le restaurant à travers les labyrinthes de la Médina à l’aller, par contre au retour vers 21 h, nous nous sommes plutôt vite égarés. Au point d’être obligés de demander notre chemin. Moins parce que nous avions bien fêté que parce que la nuit, il faut être un habitué pour pouvoir s’orienter. En tout cas, j’aurais bien appris la leçon.

Dès mon arrivée sur le sol marocain, ma nationalité a toujours été associée à la sélection nationale de mon pays, «Les Ecureuils du Bénin ». Loin d’être l’une des grandes équipes africaines de football, il n’en demeure pas moins qu’elle a fait quelques progrès significatifs ces dernières années avec ses trois premières participations à des phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) aussi bien pour les seniors que les juniors.

A l’arrivée à Tanger tout comme à l’hôtel où je loge à Rabat, ceux qui me rencontrent en parlent avec le souvenir d’avoir vu une bonne sélection de football évoluer sur les installations marocaines. « Vous avez une bonne équipe qui est venu ici il y a quelques années », m’a confié le réceptionniste.

En effet, deux épisodes ont construit cette fausse réputation des « Ecureuils du Bénin ». Primo : le fait que le 28 janvier 2005, les « Lions de l’Atlas » éliminés en demi-finale par le Nigeria (3 tirs au but à 5) et les « Ecureuils du Bénin » par l’Egypte (2 tirs au but à 4) ont disputé le match de classement pour la troisième place lors de la 14eme CAN. Secundo : l’équipe marocaine des moins de 20 ans exemptée du premier tour préliminaire des qualifications à la 17eme CAN juniors de 20, n’avait pas pu se qualifier, parce qu’elle fut éliminée par le Bénin.

A y regarder de près, je me rends compte que le Bénin est plus connu au Maroc à cause du football qu’autre chose. Car, je suis tombé quand même sur un policier qui m’a semblé ravi d’avoir rencontré le premier Béninois de sa vie. Le Bénin, il n’en sait absolument rien. Et c’est difficilement qu’il aurait pu situer mon cher et beau pays sur la carte de l’Afrique. Par contre, en dépouillant la carte du Maroc comme nous le faisons à chaque étape pour trouver un hôtel en bordure de mer, j’ai été fort surpris de trouver un cabanon à Rabat dénommé Dahomey-Plage (de l’ancien nom du Bénin pendant la colonisation française).

Palais du Roi Mohamed VI du Maroc
Palais du Roi Mohamed VI du Maroc.

4 octobre. Après l’attente devant l’ambassade de Mauritanie à Rabat qui n’aura duré finalement que quelques petites heures, nous avons désormais tous nos visas pour la traversée. Cap maintenant sur El Jadida par l’autoroute. Contrairement à bien des pays africains, le Maroc dispose d’un bon réseau routier. Même sur les nationales, il est agréable de circuler. En passant par Casablanca, j’arrive enfin à l’étape du jour. Bien que ce soit par un temps de grisaille, je tombe en même temps amoureux de cette petite ville apparemment sympathique, en y entrant par la côte. Et ce n’est que bien plus tard que je me rends compte que cette ancienne cité portugaise, est classée patrimoine mondial par l’UNESCO depuis le 30 juin 2004.*

La ville a porté plusieurs noms par le passé, notamment Mazagan. Elle fut l’un des premiers établissements en Afrique occidentale des explorateurs portugais en route pour l’Inde. Construite en colonie fortifiée par les Portugais au début du 16eme siècle, elle fut reprise par les Marocains sous la houlette de Sidi Mohamed ben Abdellah en 1769. En 1912, quand les Français la mirent sous protectorat, elle reprit son nom de Mazagan. Et ce n’est qu’après l’indépendance du Maroc qu’elle redevint El Jadida (La Nouvelle). Les fortifications portugaises font aujourd’hui partie intégrante de la ville : la citerne portugaise, la forteresse portugaise de Mazagan et de l’église de l’Assomption.

« Ici, nous n’avons aucun complexe d’appeler notre ville la cité portugaise. Nous en sommes fiers d’ailleurs, parce que cela fait partie de notre histoire commune »,

déclare un habitant Amazigh de la ville El Jadida que je découvre avec ses belles rues arborées, se prépare activement pour son salon du cheval. Comme en témoigne les tentes et les stands au stade ainsi que ses parures de pancartes omniprésentes dans les rues pour la circonstance.

6 octobre. En quittant Tiznit, j’ai droit encore à une route en zigzag dans les montagnes. Avant Tarfaya, j’aperçois ma première dune. De Boujdour jusqu’à la frontière marocaine en passant par Dakhla, il en sera ainsi. Bienvenue dans le Sahara occidental. En effet, le Sahara occidental est un merveilleux endroit désertique fait de dunes aux figures géométriquement variées. A Boujdour tout comme à Dakhla, la présence des Nations Unies ne passe guère inaperçue. Outre El Jadida, je suis s également par la belle et sympathique ville de Dakhla. Laquelle est située à une trentaine de kilomètres au nord du Tropique du Cancer, tout comme la Havane, Canton ou Hawaï.

Depuis que le territoire du Sahara occidental est âprement disputé par le Front Polisario (les indépendantistes sahraouis) soutenu par l’Algérie et le Maroc, les relations diplomatiques entre les deux pays frères et voisins du Maghreb ne sont pas au beau fixe. En témoignent le récent enlèvement de deux journalistes marocains, Mohamed Laghrouss et Yahya Bentaher de l’hebdomadaire « Assahrae al Ousbouiya » par les services de sécurité algériens et les critiques acerbes du ministre des Affaires étrangères du Maroc, Taib Fassi Fihri contre cette pratique.

« Je préfère que le Sahara occidental reste dans le giron du Maroc plutôt qu’autre chose. A supposé même qu’on nous accorde l’indépendance au lieu de l’autonomie comme le souhaitent certains, je ne suis pas si sûr que ceux qui la réclament puissent pouvoir assurer le développement de notre territoire. Et puis, le roi Mohamed VI fait beaucoup pour nous ».

Ainsi s’est exprimé sous couvert d’anonymat un Sahraoui, à la question de savoir ce qu’il pense du conflit qui oppose depuis des années le Front Polisario au Maroc. Ce dernier réclame l’indépendance totale du Sahara occidental sous l’appellation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) qu’il a fondée en 1976 avec le soutien de l’Algérie, tandis que le Maroc n’a de cesse de revendiquer ce territoire qu’il appelle le Sahara marocain.

Récemment d’ailleurs, il a soumis au Secrétaire général de l’ONU, sa proposition de règlement du conflit baptisée : « l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara ». Pour les autorités marocaines, « elle réalise le principe de l’autodétermination à travers une expression libre, démocratique et moderne sur le statut d’autonomie ». Mais reste que les autres parties acceptent le principe et se soumettent au verdict qui en sortira, si le référendum d’autodétermination a lieu.

Depuis le bateau dans lequel j’ai embarqué à Barcelone pour le Maroc jusqu’à ma sortie du pays, j’ai fait l’objet de contrôle prolongé à tous les postes de police, contrairement à mes compagnons de route. Et Dieu sait s’il y en a partout. Ce n’est pas tant que les policiers cherchaient des noises sur ma tête, mais c’était plus pour connaître le motif de mon voyage dès lors que je répondais que je suis journaliste à la question de savoir quelle est ma profession.

J’ai été très frappé par cette attitude qui m’obligeait à descendre du véhicule pour me rendre au poste de police afin de préciser l’organe de presse pour lequel je travaille. Et à chaque fois, je leur disais « Le Bénin aujourd’hui », en ajoutant que c’est plus ou moins l’équivalent de « Aujourd’hui au Maroc ».

Quand les policiers poussaient plus loin leur curiosité, j’ajoutais que j’étais en tourisme et non en reportage. Ce qui, apparemment, les rassérénaient et me libérait vite. Comme la scène se répétait tout au long du parcours, Alexandre Camp qui conduisait a fini par me demander, non sans humour, de leur répondre dorénavant que je suis épicier de profession, et nous gagnerons ainsi beaucoup plus de temps. Dans l’ensemble, les policiers marocains sont très courtois et corrects. Et je pense même que leur comportement, et leur police touristique devrait faire école dans les autres pays africains.

8 octobre. Si nous avons passé 2 heures à la frontière pour sortir du Maroc, nous avons passé encore plus de 3 heures pour entrer en Mauritanie. Sous un soleil de plomb. C’est tout ce qu’il y a de rebutant dans ce genre de voyage.

Par Marcus Boni Teiga

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