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EDITORIAL - Etre Panafricain aujourd’hui : qu’est-ce à dire ?...

Un journal panafricain est un journal dont l’ambition est de couvrir tout ou partie de l’espace du monde africain et de se Diaspora. Mais être Panafricain aujourd’hui : qu’est-ce à dire ?... Il faut absolument sortir des sentiers battus de l’Histoire du Panafricanisme pour redéfinir l’ambition panafricaniste. En termes de projet de Société pour l’Afrique et sa Diaspora au lieu d’imputer les échecs des Africains eux-mêmes sur le compte de l’Occident. Trop facile ! De l’infantilisme qui pis est !

Croire que l’on est plus Panafricain, voire Africain ou Afrodescendant que d’autres personnes parce que l’on nourrit un sentiment anti-Occident, voire une haine anti-Occident est tout simplement une inanité et une escroquerie à la fois intellectuelle et sociopolitique. Peu importe les raisons qui motivent cette inclination, cela tombe dans le registre de la manipulation et du populisme. Croire que l’on est Patriote et que les autres ne sont que des Antipatriotes, parce qu’ils ne partagent pas votre vision sociopolitique ou géopolitique, relève à la fois du mensonge et de l’inculture. Et il faut bien le dire. 

Il y a le racisme anti-Noir ou anti-Arabe, à combattre avec véhémence par les Africains en Afrique, en Occident et partout au monde. A l’instar de n’importe quel racisme, qu’il soit dirigé contre les Blancs ou les Asiatiques ou encore qu’il s’agisse de l'Antisémitisme. Et c’est le droit le plus absolu des Africains de dire Non au racisme anti-Noir ou anti-Arabe tout en faisant la différence entre les individus ou les groupes racistes et les pays ou l'Occident en général dont ils sont les citoyens. Tout autant qu’à une certaine condescendance de l’Occident vis-à-vis de l’Afrique. Il y a aussi certes des raisons d’un désaccord profond dans la relation entre l’Occident et l’Afrique aujourd’hui et elles sont multiples. En particulier entre les anciennes puissances coloniales et les anciens pays colonisés. De là, à vouer aux gémonies sans discernement aucun l’Occident et en particulier ses anciennes puissances qui ont colonisé l’Afrique pour des raisons autres que celles qui sont étayées ou prouvées et opposables, cela n’apporte et n’apportera rien à l’Afrique. Sinon à servir les ambitions de ceux qui portent ces discours et leurs commanditaires. En toute chose, il faut savoir raison garder et séparer le bon grain de l’ivraie. Et ce n’est point parce que l’on croit ou l’on voudrait être ou paraître plus Panafricain, voire Africain ou Afrodescendant que d’autres personnes qu’il faille professer l’anti-Occidentalisme à tout-va ou suivre comme des moutons de Panurge des marchands d’illusions dont l’hostilité systématique et systémique à l’Occident n’est que le seul fonds de commerce.

Personne n’est plus Panafricain, voire Africain ou Afrodescendant que l’autre dès lors que l’on est Africain ou d’ascendance Afro et qu’il s’agit de parler de l’Afrique et de sa Diaspora. Et pire encore, comment diantre peut-on être plus Panafricain, voire Africain ou Afrodescendant que l’autre s’il s’agit uniquement de verser dans le populisme afin de servir des intérêts inavoués de ses maîtres. En somme, être en soi un valet local, tout en prétendant défendre les intérêts de l’Afrique lors même que l’on accuse les autres d’être à la solde de l’Occident et par conséquent des valets locaux !

Qui est Panafricaniste et qui ne l’est pas ? Qui délivre le « Certificat de bonne conduite panafricaniste » ou le « Certificat de bonne conduite africaine » ? Les réseaux sociaux ont apporté quelque chose de nouveau en ce qu’ils ont donné accès à chacun d’aspirer à la popularité, faire le buzz comme on dit, et plus si affinité au leadership en attisant auprès des esprits non avertis ou mal informés ce sentiment d’être le Représentant ou le Défenseur d’une cause africaine en les inondant . Et c’est de cela que le Populisme africain qui n’a rien à envier au Populisme occidental a si bien compris qu’il est en train d’exceller dans les manipulations, les Fake News, les mésinterprétations, le révisionnisme, les simplifications, les approximations, etc.

Les 19 et 20 octobre 2022, s’est tenu à Bruxelles, un colloque sur le concept d’« Afropéanité » organisé par la Faculté Universitaire de Théologie Protestante (FUTP) et le nouveau  centre de recherche CARES. Thème : « Nommer sa condition. Afropéanité et conditions féminines »

A cette occasion, lors de tirer les conclusions dudit colloque, Fatoumata Fathy Sidibé, Députée honoraire du Parlement bruxellois, auteure, artiste peintre d’origine malienne a bien fait d’insister sur les mots désormais fameux d’Albert Camus. A savoir que : « Mal nommer le monde, c’est rajouter au malheur du monde ».  Pour exprimer la définition de ce concept et toute sa dimension, le journal Regards protestants a écrit à ce propos que : « Afropéanité » désigne une culture et une condition marquée à la fois par l’héritage africain  et l’expérience sociale et citoyenne en Europe. Comme l’a rappelé Ali Benmakhlouf lors des  conclusions du colloque, le mot est sans tiret. D’un seul tenant. En effet, les mots-valises à  tirets ont souvent ce désavantage que le second terme a tendance à manger le premier. Les  juifs ne sont pas toujours rassurés, par exemple, lorsque les chrétiens brandissent à temps et  contre-temps les supposées « valeurs judéo-chrétiennes » ! Ici, avec le terme d’afropéanité,  qui se décline au féminin (afropéenne) et au masculin (afropéen), les deux sources sont  indissociables. Aucune n’englobe l’autre. Ce concept en devenir n’est pas enfermant : actrices  et acteurs peuvent ou non se l’approprier, et surtout, il cohabite avec d’autres formes  identitaires aux prises avec l’africanité ». 

Et, dans son article, le journal Regards protestants de poursuivre en admettant les contradictions internes que ce concept peut recouvrer: « Afropéenne. Afropéen. Un mot qui nomme bien. A rebours des assignations identitaires et des injonctions à une « assimilation » qui violentent les identités et les parcours, le mot afropéen reflète l’expérience partagée par beaucoup d’afro-descendants établis en Europe. Certes pas pour toutes, pas pour tous. Mais ce n’est pas grave ! La pluralité des termes – dont les milieux protestants ont l’habitude – vaut mieux que le carcan taille unique ».  

En somme, être Afropéen, c'est être à la fois Africain et Européen. Et il n’y a pas mieux pour l’avenir de l’Afrique et de l’Europe. Au lieu de nourrir une certaine haine de l’Afrique envers l’Europe par différents canaux et sous différents prétextes. D’autant plus que du fait de sa double culture ou sa double nationalité, il faut plutôt nourrir et sainement la relation entre l’Europe et l’Afrique. En la débarrassant de ses parasites et autres virus qui empêchent les deux continents de bien marcher en se tenant la main dans la main et de bien fraterniser ensemble.

Par Marcus Boni Teiga

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