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RDC / Développement international : Boubakar Traoré (UPA) a partagé le savoir-faire canadien avec les agriculteurs congolais

Photo : le coopérant et expert de l’UPA-DI-Canada Boubakar Traoré animant une activité avec les membres de la CONAPAC

Montréal - Boubakar Traoré, expert en développement économique revient de la république démocratique du Congo (RDC) où il était en immersion auprès de la Confédération Nationale des Agriculteurs du Congo (CONAPAC) pour le compte de l'Union des producteurs agricoles/Développement international (UPA-DI). En effet, celui qui a fondé Afro-médiation Inc. à Montréal, Qc, Canada (2009), milite effectivement depuis plusieurs années pour la formation des entrepreneurs et autres champions africains, comme solution à la lutte contre la faim et les inégalités dans le monde. L’accompagnement de la CONAPAC, une organisation agricole forte de 3 000 000 de membres en RDC a duré une année entière.
Nous l’avons rencontré pour en savoir plus.

Julie Freeman : Comment expliquer vous ce nouveau mandat en développement international alors que vous êtes déjà à la tête de deux importants groupes au Canada ?
Boubakar Traoré : C’est un mandat qui est arrivé à une période ou j’avais besoin de repli dans ma gestion entrepreneuriale sans faire le deuil de mon entreprise, partager mon expertise et ma passion avec les chercheurs de compétences et de progrès de la RDC, ce qui correspond à mes convictions.

J. F : En quoi consiste ce mandat ?
B.T : Le mandat consistait à contribuer au développement de la vision économique de la Confédération Nationale des Agriculteurs du Congo (CONAPAC), avec ses fédérations et ses quelques 3.000.000 de membres. J’avais pour mission de faciliter le développement d’une stratégie économique inclusive durable, et de susciter l’esprit entrepreneurial chez les membres, et aussi chez la jeunesse congolaise. Il s’agissait enfin d’accompagner la CONAPAC et ses fédérations dans l’opérationnalisation de sa stratégie, promouvoir l’équité entre femmes et hommes etc.

J. F : Quel bilan pouvez-vous faire à ce jour ?
B.T : Après un an, de grandes actions ont été menées, des situations importantes analysées, d’importantes rencontres et échanges effectués, des projets de transformations validés. Toutefois, le bilan reste mitigé en raison de mes attentes et de mes grandes ambitions pour la RDC qui doit être le socle de performance et le segment économique du continent Africain.

J. F : Parlez-nous de votre vision sur la coopération internationale qui semble devenir un passage obligatoire.
B.T : Je le résume comme un manque de stratégie qui contraint les pays en développement à se maintenir dans la pauvreté malgré les efforts qu’ils déploient. La coopération internationale vient alors suggérer des stratégies, des initiatives, des appuis et accompagnements à travers les experts que nous sommes pour promouvoir le progrès économique des communautés locales. C’est un défi qui exige des efforts de la part de tous, gouvernants, donateurs et bénéficiaires. L’objectif des donateurs étant de soutenir des actions et mener une transition juste, compatible et pragmatique. Ma crainte est que ces appuis ne soient perçus comme une vache à lait ou une charité éternelle, mais je pense avoir apporter ma contribution à ce sujet. Ce sont ces points qui expliquaient mon mandat ou plusieurs formations ont lieu, notamment dans le cadre de l’entrepreneuriat inclusif durable afin de doter ce grand Congo d’éco preneurs capables à moyens termes de se faire une place sur le marché national, régional et international

J. F : Abandonnerez-vous au profit de la coopération internationale vos objectifs si bien enracinés que sont Afro-Médiation et ITERSOL-Canada ?
B.T : Loin de là, ce déploiement est une valeur ajoutée à mes principes d’entrepreneurs, et non une reconversion professionnelle. Mes expériences antérieures dans divers domaines incluant Afro-Médiation ont joué sûrement en ma faveur pour l’exécution de ce mandat, et je crois sans me tromper que les retombés de ce mandat feront de même pour mon rayonnement personnel, organisationnel et relationnel.

J. F : Dans quelle mesure avez-vous été efficace dans le rayonnement de ce mandat ?
B.T : Mon compétences multiculturelles, mes expériences acquises auprès de mon défunt père, planteur et amoureux de la terre et celles acquises au Canada et en formation pré-départ ont été des opportunités pour ce mandat et pour le Congo qui regorge de ressources inexploitées. Le secteur d’appui choisi, à savoir l’agriculture inclusive et durable, a été un formidable vecteur pour favoriser l’amélioration des conditions de travail et de vie des productrices et producteurs, et permis de favoriser le développement économique rural.

J. F : Le Congo regorge des ressources inexploitées, Que manque-t-il donc aux Congolais pour un développement réel et imminent ?
B.T : C’est pratiquement la question que se pose presque tout le monde sans aucune réponse intelligente. C’est une véritable balle de ping-pong qui se joue entre les dirigeants, la population, les bailleurs de fonds, l’ancienne métropole et certains pays voisins. Pour ce qui me concerne, l’absence de vision et de responsabilisation à tous les niveaux est l’une des raisons. A cela, se joint des lacunes institutionnelles, le manque d’infrastructures et la faiblesse en termes de gestion de production agricole. A moyen ou courts termes, il faille développer l’agriculture qui reste la solution primordiale pour améliorer les conditions de subsistance des Congolais.

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J. F : Que reste-t-il donc pour améliorer les conditions des Congolais à travers l’agriculture ?
B.T : Premièrement songer à s’inscrire dans la continuité. Deuxièmement, travailler avec notre terre et pour notre terre. Troisièmement, encourager et appuyer le secteur de la subsistance pour satisfaire les besoins des consommateurs locaux avant celui de l’exportation qui reste souvent une économie avec de faibles rendements en raison des exigences des marchés internationaux.

J. F : Pour votre mot de fin, quel message pour les congolaises et Congolais et pour la CONAPAC ?
B.T : Je confirme ici qu’au de la des difficultés de gestion de ses milliers de membres, la CONAPAC demeure un concentré d’opportunités, et tous les acteurs impliqués dans sa gestion ont bien apprécié ce mandat en s’accordant sur les bienfaits du partenariat UPA-DI/ CONAPAC. Je valide avec le CA de la CONAPAC qu’il faille encourager ce partenariat nord/sud pour le développement agricole afin de neutraliser la faim, cette redoutable arme qui fait encore plus de victimes que le nucléaire. Mon souhait, que les outils et enseignements transmis soient bénéfiques progressivement à cette population évaluée à environ 90 millions d’habitants sur une superficie de 2.345.409 km2 dont les femmes constituent 52%, soit la majorité. Conscient que l’agriculture demeure la principale activité qui malheureusement reste défavorable à la cause de la femme en RDC à cause des pesanteurs socioculturelle, je plaide pour ce partenariat nord/sud. Je reste optimiste qu’avec l’appui des dirigeants, des acteurs impliqués, des agricultrices et agriculteurs, le Congo, avec sa potentialité de nourrir deux milliards de personnes (source FAO) pourrait nourrir effectivement toute sa population.

Interview réalisée par Julie Freeman
Source : https://lexterieur.com/
L’Extérieur (CÔTE D’IVOIRE)

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