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SOCIETE/BENIN - MARAÎCHAGE A GRAND-POPO : Des milliers de familles en vivent

A market gardener in the middle of a watering session

Culture de contre saison par excellence, le maraîchage est devenu une activité de grande envergure dans la commune de Grand-Popo, à quelques encablures de la frontière bénino-togolaise de Hillacondji,  dans le sud du Bénin, où plusieurs milliers de personnes s’y adonnent avec succès.

Avec sa petite famille, André Johnson transplante les jeunes pousses de culture sur des planches. Un enfant sur le dos de sa maman, la pauvre dame malgré le poids de son enfant s’échinait dans le travail. A côté se trouvaient, Marc l’aîné de la famille et Pascaline la cadette. Tous d’eux aidaient les parents dans leur besogne, hier matin, aux premières heures…Assistés de trois jeunes garçons qui tirent leurs revenues de la semaine, de ce dur labeur. La famille Johnson arrive à joindre les deux bouts à travers le maraîchage sur une exploitation qui s’étend sur une superficie de 300 m2 , dans la ville d’Agoué aux abords de la Route inter Etats Cotonou Lomé. Selon le chef de la famille, André Johnson, « ce que le maraîchage me fait dans ma vie et celle de ma famille est énorme. C’est grâce à cette activité que je nourris la famille et pourvois à tous nos besoins. En partant de la scolarisation de mes enfants aux soins de santé sans oublier les besoins vestimentaires et autres…Je ne me plains pas… ». Vue partielle de l’exploitation d’un maraîcher à Agoué Sur la parcelle exploitée, se trouve une variété de jeunes plants. Du piment, des légumes, des carottes, de l’oignon. Toutes ces légumineuses sont commercialisées sur le site. Selon André, les bonnes dames viennent se ravitailler sur le site. Certains gérants de restaurants ou d’hôtels en font de même font avec des commandes feuilles de laitue, d’oignons et parfois de légumes « Gboman ».

A l’instar d’André, d’autres producteurs se sont installés le long de la route inter Etats Grand-Popo Hillacondji pour faire leur beurre dans les cultures de contre saison. Sur une vingtaine de kilomètres le long de la voie bitumée, plusieurs hectares de terres sont aménagés pour le maraîchage. Oignon, tomate, piment, carotte, laitue, chou, poivron…une gamme variée de produits maraîchers y sont cultivés et écoulés vers les marchés nationaux et ceux des pays de la sous-région comme le Nigeria, le Togo, le Ghana et le Niger.

Rentabilité assurée 
Sur 7500 m2 de terre exploitée par Prosper, son revenu avoisine les quatre millions de francs Cfa (environ 6000 euros). Avec une variété de culture, comme tous les maraîchers de la commune, le chef de terre vend les cultures par planche. L’oignon est cédé à 15000 francs (approximativement 25 euros) la planche ; la carotte à 18000 francs (29 euros), les légumes (Gboman) entre 4000 et 7000 francs ( entre 6 et 7 euros).

Les dimensions d’une planche sont de 2,5 sur 16 mètres. S’agissant de la laitue, sa commercialisation se fait par pied. Ainsi, un pied de laitue revient à 25 francs. Le chou par contre est vendu selon le poids. Avec un chiffre d’affaires parfois estimé à des dizaines de millions de francs Cfa, (16.000 euros), certains producteurs n’entendent pas renoncer à cette activité malgré la menace des terres victime de la salinité de l’océan à proximité.

Une maraîchère en train d’inspecter son champ.
Une maraîchère en train d’inspecter son champ.

Avant la crise sanitaire du Covid-19, Prosper se rappelle des ventes mensuelles de plus de 800 mille de francs (1300 euros) d’oignons et 1,5 millions de francs (2200 euros) de tomates. Selon lui, lorsque toutes les conditions agronomiques sont réunies, son chiffre d’affaires mensuel avoisine les cinq millions de francs (6100 euros). Le suivi des activités est l’un des grands problèmes des exploitants maraichers. Avec l’appui des encadreurs du Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Maep), les maraichers bénéficient de quelques conseils techniques liés à la production. Mais de plus en plus ce suivi devient rare voire parfois inutile parce que les maraîchers estiment ne pas tirer grand profit de la présence des agents d’encadrement. Pour les responsables du Maep, les départements du Mono et du Couffo ne disposent que de deux spécialistes en production végétale qui ne peuvent exercer à eux seuls les tâches de suivi. Par ailleurs, certaines structures affiliées aux groupements de producteurs connaissent de plus en plus des crises qui mettent à mal le rôle impartial de l’assistance aux maraîchers. 

Des acteurs diversifiés 
Contrairement à Prosper qui sort fraîchement de l’université, André lui, fut un pêcheur reconvertit dans le maraîchage Comme ce dernier plusieurs pêcheurs se sont reconvertis en maraîchers La plupart des riverains pratiquaient la pêche artisanale héritée de leur grands parents. 

Au départ, la population de la commune de Grand Popo et ses environs n’avait aucune n’avait pas grande connaissance de la production maraîchère « Lorsque nous avons commencé à produire, cela avait suscité une émulation au niveau de nombreuses personnes qui cherchaient une alternative à la pratique de la pêche devenue peu rentable’’, d’après André, un maraîcher bien établi. Si Coffi est devenu l’un des plus grands maraîchers professionnels de la commune de Grand-Popo exploitant une superficie de près de 18 hectares, beaucoup de familles de pêcheurs arrivent également à tirer leur épingle du jeu. ‘’ Non seulement le maraîchage est rentable mais cette activité nous occupe à plein temps et nous nous auto employons alors qu’avant nous passons jusqu’à trois mois à ne pas pêcher. Et lorsque nous allons sur les eaux, ce sont les propriétaires des filets qui se taillent la part du lion. Dans le même temps, tu as de la famille à nourrir et les enfants doivent aller à l’école’’, défend Ayivi, un autre producteur d’Ayiguinnou. Firmin, élève en classe de première au collège d’enseignement général de la commune s’en sort avec un revenu mensuel de 20.000 francs (environ 16 euros). « Avec l’argent que je gagne, j’arrive à m’en sortir aisément à l’école. Ce qui me permet d’aider mes parents pour certains besoins », explique-t-il. Quoi de plus noble !

Par Serge Babylas de Souza

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