Dans le conflit qui oppose le Premier ministre Abiy Ahmed aux rebelles du Tigré, la médiation de l’Union africaine (UA) a été placée sous l’égide de Président sud-africain Cyril Ramaphosa. Réunis en Afrique du Sud, le panel de médiateurs désignés par l’institution panafricaine est parvenu à un accord entre les frères ennemis Ethiopiens. C'est l’ancien Président nigérian, Olusegun Obansanjo, en tant que Haut représentant de l'UA pour la Corne de l'Afrique, qui en a fait l’annonce le 02 novembre 2022 en Afrique du Sud.
« Aujourd'hui marque le début d'une nouvelle aube pour l'Éthiopie, pour la Corne de l'Afrique et même pour l'Afrique dans son ensemble. Les deux parties éthiopiennes en conflit ont formellement accepté la cessation des hostilités ainsi qu'un désarmement systématique, ordonné, harmonieux et coordonné, le rétablissement de l'ordre public, la restauration des services, l'accès sans entrave aux fournitures humanitaires, la protection des civils, en particulier des femmes, des enfants et des autres groupes vulnérables, entre autres domaines d'accord ».
C’est par ces mots que l’ancien Président nigérian, Olusegun Obansanjo, a annoncé le 02 novembre 2022 en Afrique du Sud, la signature d’un accord de cessation des hostilités entre le Front de libération du peuple du Tigré (Tigray People's Liberation Front (TPLF) et le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed. Après près de deux ans de guerre au Tigré, les deux parties ont convenu, selon ledit accord susmentionné, de mettre un terme au conflit qui a fait des centaines de milliers de morts. Et comme dans tout conflit, ce sont les civils qui ont en majorité payé le prix fort.
Haut représentant de l'Union africaine pour la Corne de l'Afrique.
Pour le représentant du Premier ministre Abiy Ahmed, chef de la délégation gouvernementale et conseiller à la sécurité nationale, Redwan Hussein, il s’est réjoui des engagements des deux parties. Aussi, s’est-il félicité de cet accord qu’il a jugé de constructif pour permettre à l’Ethiopie d’avancer en considérant que cette période tragique de conflit derrière les Ethiopiens. Et pour cause, Redwan Hussein, le conseiller à la sécurité a déclaré que « le gouvernement, pour sa part, prendra diverses mesures proactives pour nourrir la démocratie et le développement inclusif dans le pays ».
Tout en exprimant l’espoir que tous les efforts soient accomplis pour faire taire définitivement les armes, Getachew Reda, le représentant du TPLF a invité à « reconstruire les communautés qui ont déjà été fermées en raison d'une guerre aussi sanglante qui s'est poursuivie au cours des deux dernières années et qui se poursuit encore ». Et, il a poursuivi, comme pour donner des gages de la part du TPLF en déclarant : « nous sommes prêts à tout faire pour nous assurer qu'aucun effort de la part des fauteurs de troubles ne nous fera reculer [sur notre engagement pour la paix] ».
Un accord bienvenu, mais à consolider
En bref, l’accord entérine le fait que les deux parties au conflit éthiopien se sont formellement mis d'accord sur une cessation des hostilités, ainsi que sur un désarmement méthodique, ordonné, en douceur et coordonné. En outre, les deux parties au conflit éthiopien ont convenu d’un rétablissement de l'ordre public, des services (au Tigré), un accès sans entrave des fournitures humanitaires, la protection des civils.
A deux mois de la fin de l’année 2022, cet accord de paix à propos de la guerre en Ethiopie apparaît comme un cadeau de fin d’année et une bonne nouvelle pour toutes les parties. Y compris pour le continent africain et ses citoyens qui étaient obligés de regarder la situation avec beaucoup d’amertume, eu égard à ce que l’Ethiopie représente pour toute l’Afrique. C’est ainsi que l’on peut comprendre le sentiment de l’ancien Président béninois, Nicéphore Soglo, qui s’en est vivement félicité au lendemain de la signature de l’accord de paix.
« Le Forum des Anciens Chefs d'État et de Gouvernement d'Afrique a suivi avec une attention particulière les pourparlers de paix entre l'État fédéral d'Éthiopie et les rebelles du Tigré ouverts depuis le 25 0ctobre 2022 à Pretoria. Des pourparlers qui ont abouti à la signature d'un accord de paix sous l'égide de l'Union Africaine le 02 novembre 2022 dans la capitale sud-africaine.
Le forum se félicite de cet accord intervenu sous le leadership de l'un de ses éminents membres en la personne de l'ex-président de la fédération du Nigéria, le président Olusegun Obasanjo en tant que haut représentant de l'Union africaine (UA) pour la Corne de l'Afrique. C'est le lieu de rendre un hommage mérité à cette personnalité émérite grâce à qui les membres du Forum étaient tenus informés d'heure en heure de l'évolution des négociations entre les deux parties.
Ce dénouement vient s'ajouter à la longue liste des actions des différents membres du forum pour la promotion de la paix et de la sécurité partout en Afrique où s'observent des conflits fratricides.
Le président Obasanjo pose ainsi une pierre supplémentaire de l'édifice mis en place par Madiba son Excellence le président Nelson Mandela à Maputo en 2006 et dont la présidence est actuellement assurée par l’ancien président du Mozambique, Monsieur Joachim Chissano.
le Président de la Commission de l'Union africaine.
Nous profitons de l'occasion pour remercier le Président en exercice de l'Union Africaine, le président Macky Sall du Sénégal ainsi que le Président de la commission de l'Union Africaine S.E. Moussa Faki Mahamat pour la confiance portée en un membre de notre auguste forum.
Enfin nous lançons un appel aux belligérants pour le respect scrupuleux des engagements pris dans le but de renforcer la paix dans la Corne de l'Afrique en particulier mais également de sortir notre continent de la domination étrangère sous toutes ses formes.
Le forum reste mobilisé pour la recherche de solutions aux nombreux défis qui se posent au développement de notre continent berceau de l'humanité ».
Dans cette déclaration rendue publique le 08 novembre, Nicéphore Soglo, a ainsi rendu un hommage mérité à l’ancien Président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, ainsi que toutes les personnalités qui ont pris une part active à l’aboutissement des négociations.
Pour autant, l’accord de cessation des hostilités signé en Afrique du Sud ne semble pas encore rassurer tous les observateurs de la guerre en Ethiopie. Car il ne s’agit pas encore d’un accord de paix en tant que tel, mais plutôt d’un accord de cessation des hostilités. Reste maintenant à engager le dialogue nécessaire qui devrait mener à un accord de paix définitif. Entre les deux, le chemin est bien long qui mène à la paix. Et ils sont nombreux, tous ceux qui pensent que la suite du dénouement irait plus à l’avantage du Premier ministre face aux revendications des rebelles du TPFL. Mais, toutes proportions gardées, il est bien trop tôt de prédire l’avenir de ces négociations et à l’avantage de quelle partie elles seraient. Pourvu seulement que l’accord de paix définitif soit résolument en faveur de la paix plutôt que de la guerre.
Par Marcus Boni Teiga
